AIDS in France : Crisis and Aftermath / Le Sida et son legs
Dans ce cours, nous étudierons la crise du Sida en France et son legs à travers les œuvres que ceux-ci ont engendré. Notre réflection sera menée le long de deux axes majeurs. Pour commencer, il s’agira de cerner les ruptures sociales et esthétiques auxquelles l’épidémie a donné lieu alors qu’elle battait encore de son plein (1983–1996). En parcourant un éventail de genres universitaires et artistiques, qu’il s’agisse de romans, de films, de pièces de théâtre ou de travaux sociologiques, nous nous attarderons sur les différents recours par lesquels auteures et intellectuelles ont su répondre à l’impossible situation dans laquelle iels se trouvaient. Comment écrit-on mourant, et comment écrit-on pour les mourants et les morts ? Que cherche-t-on donc à faire voir, à faire comprendre ? Afin de répondre à ces questions, nous identifierons les innovations formelles en matière de littérature et de cinéma de celleux qui les ont posées les premières. Dans un deuxième temps, nous porterons notre regard sur des œuvres des décennies qui ont suivi l’apogée de la crise pour discerner son impact sur le long terme. Ces œuvres tardives visent à commémorer le Sida, c’est-à-dire à nous en rappeler l’expérience, les victimes et leur absence qui se fait toujours ressentir. En effet, certains des débats de société les plus virulents de la France contemporaine découlent de cette crise, et nous en viendrons à discuter de sujets polémiques tels le communautarisme et le mariage pour tous. Enfin, tout en étudiant l’histoire sociale du Sida, force sera de constater qu’il n’a cessé de nous parler. Nous aurons donc à lui prêter l’oreille, afin qu’il nous en apprenne sur nos propres expériences des crises sanitaires publiques, de la peur et de l’engourdissement qu’elles suscitent, et du malaise du retour à la normale.